J’ai récemment déclaré, dans un des cours, pourtant austères, diffusés en audio sur ce blog, que les trois types de femmes qui me plaisent le plus sont « les butch, les escortes, et les strip-teaseuses ».
Certain lecteur (auditeur en l’occurrence) old guard a trouvé ça limite et, dans son courrier de protestation, a eu au moins une phrase sublime :
Où est le Shumule gynolâtre que nous chérissons à juste titre, si tu n’aimes plus que les garçons manqués et/ou les femmes que tu paies pour qu’elles s’occupent de ton plaisir sans que tu aies à t’occuper du leur ?Ami, laisse-moi te narrer quand et comment j’ai développé ces fixations…
Sache, tout d’abord, que, de dix-huit à vingt-six ans, j’ai donné dans les excès libertins les plus échevelés. C’était une bonne période pour ça – le cœur de la Génération X, la seule qui, depuis la guerre, ait joui des deux libertés qui importent : la liberté d’expression et celle des mœurs – un break récréatif, en somme, avec suspension provisoire des notions de thoughtcrime et sexcrime, entre la Boomer Generation de ‘68, hantée par l’ombre de Tante Yvonne et ultra-moralisatrice sous des dehors hippies olé-olé (c’est pourquoi, du reste, elle fut la génération Cohn-Bendit : la pédophilie est tout-à-fait boomer, i.e. kinky tout en restant Jésuite), et la Boring Generation des milléniaux cognitivement modifiés par le Politiquement Correct, d’où sont sortis #MeToo, #TimesUp et l’actuelle Post-Weinstein era.
En fait, c’est le lendemain même de mon dix-huitième anniversaire que, las de l’inexpérience (pleine de bonne volonté mais un poil répétitive à force) de mes conquêtes Debutantes, et soucieux d’avoir affaire à des professionnelles, j’ai passé, pour la première fois, la porte d’un « bar à bouchons » parisien. Je me suis immédiatement retrouvé entrepris par une jeune femme qui était – nous y voilà – une synthèse de butch, d’escort et de stripper : une prostituée superbe, plus tomboy que Michelle Rodriguez (à l’époque, j’aurais dit : « que Linda Hamilton ») et possédant merveilleusement l’art subtil de la private dance.
Chacun connaît le rituel en vigueur dans ce genre d’endroit (of course, you do… ;)) : on s’acquitte d’une bouteille de champagne, ainsi que d’un pourboire donnant droit à un tête-à-tête avec une hôtesse dans un salon ; on vole ensuite quelques heures charmantes à la vie ; on offre enfin, au moment de partir, un second pourboire à l'hôtesse, à la mesure de la prestation fournie par elle.
Nous nous isolons donc, et, sur fond Acid House typique de l’époque, la fascinante créature se livre à un effeuillage torride – parfait corps d’Amazone, mouvements hypnotiques, avec quelque chose d’une danse de guerre sauvage (aujourd’hui, bien sûr, je diagnostiquerais immédiatement un ascendant Scorpion) : le haka sanguinaire d’une Valkyrie croisée Gitane vindicative.
Elle est bientôt entièrement nue – à l’exception d’une de ses bottines qu’elle a gardée au pied.
Dans ma jeune conscience, embrasée par le spectacle, fuse une kyrielle d'interrogations telles que : « Pourquoi garde-t-elle cette bottine unique ?... Que va-t-elle me faire subir avec cette bottine unique ?... Peut-être qu’une fois sur moi… ou moi sur elle… quand je ferai ceci ou cela… elle fera ça ou ça… passer sa jambe autour de moi, dans une clé fatale… avec la bottine… qui servira à nouer inextricablement ses deux pieds, peut-être… autour de mon cou… Je n’en sais rien, mais je suis partant : si c’est un piège, j’espère qu’il est agréable ! »
Nous ouvrons les hostilités – et tout le temps que dure la partie, je ne cesse de me dire, à chaque fois qu’augmente l’intensité des choses : « OK, c’est maintenant qu’elle va faire le truc avec la bottine… ». Mais non. Et le suspense se prolonge.
Nous terminons. C’est fini. Je me lève. Je lui donne son pourboire. Elle le prend. Et le glisse dans la bottine.
- 5 juin 2018
C'est tellement mignon de découvrir que tu as eu un âge, à un moment donné, où tu ne savais pas que les putes mettent leur argent dans leurs chaussures ❤
RépondreSupprimer"Nul n'est maître né", disaient nos grand'mères. Note que j'ai bizarrement exorcisé cette expérience, par la suite, en devenant quelques temps proxénète — c'est-à-dire chaussure moi-même.
Supprimer"Funny how the subconscious works..." — Catherine Tramell
Question : le proxénétisme est-il la forme ultime du rétifisme ?
Et : oui, j'écris "grand'mères" parce que c'est ainsi que l'écrit Littré, c'est-à-dire la façon correcte de l'écrire. Je conchie les lois de la République ET la réforme de l'orthographe. Bisous.
P! "Grand'mère" et les bars à bouchons. Shu tu es sooooooooo 3000 ans avant l"ère chrétienne!
SupprimerJ'ai relu les Souvenirs d'un Wotaniste, qui sont en lien dans Pimp, et je suis surprise que les trois citations en épigraphe soient de trois écrivains qui ont en commun de s'être suicidés. C'est curieux, chez un amant de la vie tel que toi.
SupprimerMa foi, Hunter S. Thompson a été suicidé.
SupprimerPétrone était irrémédiablement compromis aux yeux de l'empereur.
Seul le suicide d'Edward Sellon est absolument inexplicable.
Or, quel rapport entre : 1. un génie superfreak, inventeur du journalisme gonzo, 2. l'arbitre des élégances de la cour néronienne, auteur du premier roman de l'histoire, et 3. le plus prodigieux dandy aventurier ultra-érotomane que le monde ait connu, rédacteur de la première étude occidentale sur le Tantrisme ?
Je crois qu'ils "ont en commun" d'être, précisément, des "amants de la vie", et de l'être tellement qu'il leur est impossible de la tolérer médiocre — que dis-je ? de la tolérer non-génialement-farabuleuse-à-chaque-instant : c'est, du reste, ce qui ressort, en filigrane, des citations que j'ai faite dans Souvenirs d'un Wotaniste...
Pour moi, qui suis l'homme le moins funèbre du monde, le suicide est particulièrement incompréhensible — sauf, peut-être, dans l'intention de rester jusqu'au bout maître de son destin, en cas de désastre militaire, quand il n'y a plus d'autre issue que l'avilissement total, etc.
On ne doit pas se dérober à la lumière du jour.
Où est Daddy Cool ?!?
RépondreSupprimerLa dernière fois qu'on l'a vu il était dans la Seine...
Supprimer:)
Supprimer"le haka sanguinaire d’une Valkyrie croisée Gitane vindicative"
RépondreSupprimerShumule bande pour le multiculturalisme.
Linda Hamilton a pris 53 millions de dollars à James Cameron lors de leur divorce. Je ne crois pas que ça tienne dans une bottine.
RépondreSupprimerJusqu'au bout j'ai espéré que Daddy Cool allait surgir en vendeur de roses hyper insistant (il y en a toujours dans les bars à filles) et se faire piétiner la gueule à grands coups de bottine
RépondreSupprimerTu n'es plus aussi détraqué sexuel qu'avant :(
RépondreSupprimerD'accord maintenant je veux savoir pourquoi elle a enlevé l'autre bottine.
RépondreSupprimerEn France, depuis 2016, toute personne qui paie une "travailleuse du sexe" est passible de 1500 euros d'amende. Mais le problème de la bottine ne se pose pas puisque le même gouvernement de merde a interdit de payer plus de 1000 euros en liquide.
RépondreSupprimerJe ne comprends pas pourquoi ils n'interdisent pas directement le sexe, au lieu de nous imposer, en préambule, les crises d'hystérie d'Asia Argento, les hurlements de chaisière outragée de Florence Foresti quand elle voit une femme en sous-vêtements sur un kiosque à journaux, ou le "douloureux" (pour nous, s'entend !) récit du "viol conjugal" (sic !) subi par une chanteuse québecoise (c'est-à-dire DÉJÀ ennuyeuse et débandante en temps normal)...
SupprimerMerci pour l'horoscope 😘
RépondreSupprimerLe seul horoscope au monde où on lit aussi les autres signes. Merci à Tia.
RépondreSupprimerVos écrits vous rendent séduisant mais je ne sais vraiment pas comment vous draguer via les commentaires.
RépondreSupprimerMerci pour les horoscopes!
RépondreSupprimerNi Michelle Rodriguez, ni Daddy Cool dans les horoscopes... Enfin merci quand même
RépondreSupprimerSerait-il possible, Sir, que vous redonniez la recette du cocktail à la papaye pour SS exilé en Amérique latine ? J'ai eu, la nuit dernière, mon Stalingrad au casino et j'ai besoin d'un euphorisant...
RépondreSupprimerAvec joie.
SupprimerSi vous êtes plutôt fils de diamantaire sud-africain d'avant la fin de l'Apartheid, entouré de top-models ultracocaïnées au bar du lounge VIP des Bains-Douches en 1985, ce cocktail s'appelle le "Looping-Papaye". Si, en revanche, vous vous sentez ex-Oberstgruppenführer en exil, ressassant ses frasques de jeunesse au bord de la piscine hollywoodienne d'une pagode fortifiée, il s'appelle "SS in Uruguay".
Dans un shaker empli de glace, mélangez, dans cet ordre :
1 dose de Curaçao bleu
1 dose de jus de papaye
1 dose de Pisang Ambon (liqueur de banane)
2 doses de rhum blanc
3 doses de jus de pamplemousse.
Mélangez. Passez. Complétez avec quelques traits de Tonic.
Dégustez à la paille.
Je hais déguster à la paille. Pendant la discussion, il y a toujours un moment où on loupe sa bouche avec la paille et on a l'air d'avoir un problème de coordination.
SupprimerNeuf ans jour pour jour: La liberté de belle expression.
RépondreSupprimerPeste ! Neuf ans déjà ! 🧐
Supprimer"Synthèse de butch, d’escort et de stripper"... Tu ne peux pas dire péripatéticienne d'allure masculine donnant des spectacles de déshabillage ?
RépondreSupprimerEn relisant ton commentaire, je me suis rendu compte que j'utilise effectivement beaucoup trop d'anglicismes, ces temps-ci. Mais c'est une question de précision. Il y a dans "butch" une nuance "sexy virago" (Michelle Rodriguez, P!nk, etc.) qu'on ne retrouve pas dans "d'allure masculine". "Escort" et "péripatéticienne" désignent deux aspects très différents, presque antinomiques, de la prostitution. Et "stripper" fait référence à une catégorie de fille (les strippers sont toujours extrêmement cool et marrantes à fréquenter hors-job), plus qu'au simple fait que celles-ci se déshabillent sur scène.
SupprimerHervé Ryssen porte des bottines.
RépondreSupprimerJuste pour voir si on peut faire des commentaires en caractères gras
RépondreSupprimerSire,
RépondreSupprimerJ'ai noté que Votre Suprématie soulignait systématiquement les défauts des différents signes du zodiaque dans les horoscopes: "mouton de Panurge" pour le bélier, "queutard hédoniste trop bon, trop con" pour le taureau, "éternel faire-valoir obséquieux et servile" pour le gémeau, "Tullius Detritus" pour le cancer, "Aurélien "Mason Verger" Brunon, dit le Châtré" pour le scorpion, "ignoblement adipeux" pour le sagittaire, "Vil Coyote" pour le capricorne, j'en passe et des pires...
Ma question: quel est le signe des gens qui sur-analysent les films et disent "c'était évident" quand l'intrigue se dénoue ? Ou qui passent TOUS les effets spéciaux au peigne-fin (j'ai un ami qui s'est mis à critiquer un faux rocher à haute voix en plein film) ? Et comment abréger les souffrances de ce signe maudit ?
Merci d'avance.
Je paierais une escorte pour qu'elle vienne au cinéma avec moi, juste pour avoir une excuse pour prendre du pop-corn pour deux mais le manger tout seul.
RépondreSupprimer@Olivier D Oui mais d'un autre côté, comme elle sera là professionnellement, elle ne rira pas assez fort aux moments drôles du film. Rien de plus décevant que de regarder un film avec quelqu'un qui ne rit pas assez fort aux moments drôles.
SupprimerJe ne comprends vraiment pas que vous fassiez l'éloge du strip-tease. Je ne veux pas faire cliché mais "c'est la fille de quelqu'un".
RépondreSupprimerNe dites jamais "c'est la fille de quelqu'un" à SS, malheureux! Ça l'excite encore plus!
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